Lo kon guin doh gna
Lo kon guin doh gna
Semaine de rentrée des classes
C’est la semaine de la rentrée scolaire au Tchad, il y a du boulot. D’ailleurs, c’était la journée mondiale des enseignants mercredi : il y a eu une petite manifestation à Goundi, avec sifflets, tambours et slogans : « C’est le jour des enseignants, ils se sont donnés à fond pour leur savoir » (à répéter en boucle).
De lundi à mercredi matin : installation de la salle informatique.
On profite de la venue de Mariona cette semaine. Informaticienne à Barcelone, elle installe les cinq ordinateurs importés d’Europe à Mamyong. Vu l’état de la route, c’est un vrai miracle qu’ils fonctionnent encore. Je suis son stagiaire : quand elle sera partie, ce sera moi le responsable informatique de la brousse ! On verra…
Balthazar, l’électricien appelé de N’Djamena pour faire tous les branchements du collège, nous explique que lui, il reprendra les cours à partir du 15 octobre et qu’il arrêtera vers le 15 avril… « Ah bon ? Tu rentres en quelle année ? » Surprise, Balthazar nous apprend qu’il est prof, mais que électricien, ça rapporte plus. Du coup il ne fait pas toute l’année pour pouvoir gagner sa vie à côté. Les profs ne sont pas payés, c’est un problème énorme.
Pour la rentrée, le ministre a déclaré que les frais de scolarité par élève et par an diminueraient et ne seraient que de 1250 Francs CFA cette année (moins de 2 euros)… On pourrait se dire que c’est bien pour les parents d’élève, mais ce n’est pas l’Etat qui paye tous les enseignants. Comment faire marcher les écoles, les collèges et les lycées dans ce cas ? Les enseignants estiment qu’ils ne peuvent assurer les cours que pour deux mois avec cette somme. De toute façon, pourquoi aller à l’école ? A quoi servent les diplômes ? On sait par exemple qu’à l’aéroport de N’Djamena, 23 porteurs de valises ont une licence d’histoire.
Mercredi midi à vendredi : réunion des professeurs et éducateurs
Elles ne commencent pas à l’heure. Prévues à 8h, elles commencent au mieux à 9h30, au pire (et encore c’est pas sûr !) à 11h.
Elles sont très longues. A tour de rôle, chacun s’exprime. Le plus âgé commence, et ainsi de suite. Bien sûr personne ne lui coupe la parole, même s’il parle pendant des heures. On ne termine que lorsque tous ont parlé. En général il est 15h et on a très faim !
Elles sont dehors. À l’ombre du « kia » (karité), on entend le bruit des oiseaux, le bouvier passe devant nous avec ses vaches, puis notre repas, qui bêle (un mouton jeudi et une chèvre vendredi), arrive sur ses quatre pattes, tenu en laisse par un enfant.
Elles sont riches. Malgré le décor, la nonchalance apparente, les réunions sont de qualité. Nous sommes surpris par l’honnêteté, la facilité avec laquelle les participants ont avoué leur faiblesse de l’année passée (alcool, éclats de voix). Après explications, nous apprenons que c’est une pratique courante chez les Tchadiens. Nous apprécions aussi les analyses qu’ils font du comportement des élèves, des méthodes pédagogiques et les discussions pour l’établissement de l’emploi du temps. On retrouve des choses que l’on connaît là où on ne les attendait pas !
Elles sont rassurantes. Malgré le dépaysement total, on fait le même métier !
Petite ombre au tableau : Il nous manque un prof pour assurer les cours d’anglais. Mais on trouve toujours des solutions. On parle du seul anglophone de Goundi, le prêtre de la paroisse, qui est né au Nigéria, ou bien d’un coopérant comme nous qui normalement est là pour la pharmacie de l’hôpital, mais qu’importe, il doit savoir parler anglais…
Samedi et dimanche : réunion avec les parents
A l’heure où on écrit les premiers parents commencent à arriver. Lundi, les convocations ont été données aux élèves, ils sont allés dans leur village les laisser aux parents. Certains viennent de très loin, ils parcourent jusqu’à
Et les élèves, ils commencent quand ?
Peut-être cette semaine…
Et que font-ils pendant que nous sommes en réunion ?
Oh ils se débrouillent, ils sont autonomes.
Prof ou éduc, c’est pas facile. Même s’ils ont des avantages en nature ou quelques primes, la plupart ne touchent que
Pour finir, nous rentrons en UAZ rouge (je laisse aux curieux le plaisir de deviner quel type de voiture c’est). Nous admirons les étranges nuages blancs et noirs qui annoncent la fin de la saison des pluies.
Merci à tous pour vos petits commentaires ou vos mails, ça nous fait plaisir.